• w-1951 : Lettre de Cassady à Kerouac.

    Article - 21 août 2019 modifié le 11 avril 2020.

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    20 juin 1951

    —- Source : deslettres.fr - montage Cassady / Kerouac, jeunes hommes - image/photo pouvant être protégée par Copyright ou autre —-

     

    CHER JACK,

    Bon, maintenant écoute, soyons sérieux. Tu vas écrire un autre livre, hein ? J’essaie d’en écrire un, pas vrai ? Tu m’aimes, non ? Je t’aime, non ? Si nous sommes si foutrement doués, alors pense aux bons moments que passeront les historiens du futur en se penchant sur la deuxième moitié de 1951, quand K. vivait avec C., tout comme Gauguin et Van Gogh, ou Nietzsche et Wagner, ou d’autres, et en découvrant combien C. a appris durant cette période de travail acharné à la recherche d’une nouvelle voie, pendant que K. perfectionnait son art, et com­ment, sous la tutelle du jeune maître K., C. a surmonté la plupart de ses problèmes d’écriture, et comment K. a écrit son meilleur livre dans le fantastique grenier de C., etc., etc. etc. Non, mais maintenant écoute ; tu aurais une entière liberté, un super endroit où écrire, une voiture pour aller faire un tour, la satisfac­tion de savoir que tu m’aides au moment où j’en ai le plus besoin. Pas de prises de tête, des super livres à lire, de la musique à écouter, la vie à contempler, levé à l’heure que tu veux, couché à l’heure que tu veux, pas de loyer à payer, et avant tout, un vrai temps pour toi où, alors que tu traverses vraiment une passe difficile comme en ce moment, confronté à des emmerdes et dépensant ton argent pour louer ton propre appart – exactement ce que tu es en train de faire – tu viens me voir pour te reposer et te détendre, et tu as à ta disposition un endroit avec absolument tout ce dont tu pourrais avoir besoin, déjà aménagé pour toi. Tout ce que tu as à faire, c’est profiter de mon hospitalité, comme pour un week-end qui durerait plusieurs mois dans un domaine au milieu de la campagne anglaise, et te dire que tu as besoin d’un coin tranquille où être libre et où écrire un nouveau livre, et te pencher sur ces quelques trucs que tu as sans doute envie de découvrir pendant que tu as l’op­portunité de flemmarder et de le faire, un temps pour rassemble lequel raffermir ton âme ; il n’y a pas que le jazz, les chattes et l’éclate comme tu le sais si bien, et avant de t’en donner à cœur joie en partant pour quelque destination lointaine, avant d’être vraiment prêt, tu dois venir ici pour m’écouter et transformer en ciment la glaise de nos vies.

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